22 février 2024

Un média écolo de plus ?

Bonjour à toutes et à tous !

Ces derniers temps, une remarque nous a souvent été faite : qu’est-ce que Fracas va apporter de plus, en tant que média écolo ? On a donc décidé de vous raconter notre cheminement et de vous en dire plus sur cette voix unique que nous comptons porter.

Mais avant ça, si vous avez un petit moment à nous accorder, nous vous invitons à remplir ce questionnaire qui va nous permettre de comprendre au mieux vos besoins et attentes en tant que lecteur·ices.

Pour nous, une brèche s’est ouverte il y a un peu moins d’un an. Le 25 mars 2023, alors que la famille écologiste s’était donné rendez-vous au grand complet à Sainte-Soline, les manifestant·es présent·es ont pu faire l’expérience directe, dans leur chair, de la violence d’État.

Cet épisode marque selon nous un tournant :

Pour le mouvement écologiste dans sa grande diversité tout d’abord, qui a pu se rendre compte que la répression pouvait frapper ses membres indistinctement, de l’élue Europe Écologie-Les Verts au militant anticapitaliste. Sainte-Soline a rendu manifeste (pour ceux qui en doutaient encore) le jusqu’au-boutisme de l’État néolibéral et la brutalité dont il est capable lorsque les intérêts économiques auxquels il est inféodé lui apparaissent menacés ;

Pour notre rôle en tant que journalistes ensuite. Nous étions alors au magazine Socialter et nous y défendions une ligne éditoriale destinée à faire progresser l’écologie dans les consciences, à documenter patiemment les enjeux écologiques et à imaginer les contours de la bifurcation… Il y a eu aussi pour nous un avant et un après Sainte-Soline, car cet événement nous a amenés à reconsidérer notre position vis-à-vis du mouvement social et écologique auquel nous nous sentions appartenir, et à nous poser un certain nombre de questions.

Notamment celle-ci : à quoi ressemblerait un média utile aux combats écologiques ? Utile à celles et ceux qui attendent la poussée décisive pour se mobiliser ; à celles et ceux qui se sentent démunie·es face à l’ampleur de la tâche ; à celles et ceux qui se démènent déjà pour faire émerger, à leur échelle, une société plus écologique ; à celles et ceux qui prennent toujours plus de risques en s’opposant aux projets et aux politiques écocidaires ; utile à celles et ceux qui ont un plan, qui s’organisent, qui désertent leur emploi fossile et leur cage dorée de La Défense ? Bref : à quoi ressemblerait un média utile aux nôtres ? À quoi doit ressembler Fracas ?

Notre conviction est que notre média doit d’abord œuvrer à la diffusion d’idées et à la formation politique de ses lecteur·ices. Alors que la grande lessiveuse médiatique poursuit inlassablement son travail d’occultation des luttes passées et de neutralisation de celles en cours, nous pensons qu’il est plus que jamais nécessaire de faire connaître l’histoire de ces combats et propager les idées de celles et ceux qui les portent.

Faire front commun, c’est aussi partager un langage et des références. La pensée écologique est riche de trajectoires militantes, de débats philosophiques, de traditions politiques (écoféminismes, technocritiques, écosocialisme, municipalisme libertaire, écologies décoloniales, etc.) que nous nous proposons, en tant que journalistes écolo, de rendre accessible et de faire vivre. Ce travail, nous comptons le mener à travers des articles qui ne cèdent à aucun dogmatisme, et dont le but n’est pas de conforter les lecteur·ices dans leurs certitudes, mais de consolider leur esprit critique, de les armer intellectuellement et politiquement.

Chacune et chacun doit pouvoir trouver son chemin et sa place dans la lutte contre le capitalisme. Nous avons envie de proposer un aiguillage qui offre la possibilité de s’engager dans différentes voies, mais aussi un espace où les courants de l’écologie pourront se confronter et débattre. Nous pensons que la complémentarité des stratégies (résister, déserter, démanteler, saboter, détourner, etc.) est une force pour le mouvement écolo.

Nous avons pu constater sur le terrain la diversité des modes d’action, resquilles et tactiques pour organiser et faire connaître une lutte, déjouer ou se défendre face à la répression. Cet ensemble de savoirs forme une boîte à outils qu’il faut mettre à la portée du plus grand nombre afin que chacune et chacun puisse se l’approprier.

Nous publierons des articles illustrant cet esprit de débrouille, ces méthodes et ces faits d’arme qui aménagent des espaces de solidarité et forment aussi, il faut le dire, la partie attachante, collective et sensible des combats que nous souhaitons épauler.

Nous en avons conscience : s’informer peut user le moral – surtout en ce moment. Ce qui ne veut pas dire qu’un média doit s’efforcer de produire en continu de l’information « positive » et faire du « journalisme de solutions » pour couvrir le grincement des mauvaises nouvelles.

En fait, on a tout simplement besoin de se marrer, de faire rimer subversion avec joie. Nous pensons que l’allégresse arrachée par les temps qui courent est précieuse, et doit nous permettre de rêver la société et le monde autres qu’ils ne sont aujourd’hui. Que l’euphorie commune, le plaisir partagé sont les meilleurs remèdes à la démobilisation. Que le rire est une puissante arme politique : comme l’écrivait Umberto Eco, « le rire libère le vilain de la peur du diable […]. Quand il rit, tandis que le vin gargouille dans sa gorge, le vilain se sent le maître, car il a renversé le rapport de domination. »

Autant dire que dans Fracas, la satire, la vanne et le détournement seront aussi au rendez-vous.

C’est le média dont nous rêvons, et nous comptons sur vous pour l’aider à voir le jour. Donc n’oubliez pas de répondre à notre questionnaire (ça nous aide beaucoup) et à parler de Fracas autour de vous !

Merci de nous avoir lus jusqu’ici et à très vite ,

Philippe, Marine et Clément

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