Juan Sebastián CarbonellAmsterdam17613 €

UN TAYLORISME AUGMENTé

Qu’ils soient béats ou épouvantés, difficile d’échapper aux discours concernant l’inéluctable développement de l’intelligence artificielle et ses conséquences sur l’emploi. Nous serons « remplacés », la faute au « progrès ». Face à ce déterminisme technologique, la perspective technocritique n’est pas un obscurantisme ou un refus de toute innovation, fait valoir le sociologue Juan Sebastián Carbonell, déjà auteur du Futur du travail (Amsterdam, 2022). Les obscurantistes, « ce sont au contraire ceux qui vouent une confiance aveugle, presque religieuse, à une technologie développée dans l’intérêt privé d’une poignée de patrons ».

Dans sa critique de l’intelligence artificielle, l’auteur analyse les mécanismes (notamment médiatiques), qui font et défont la hype de l’intelligence artificielle depuis les années... 1950. Et la replace dans l’histoire de l’organisation du travail, en la considérant comme un « outil de dégradation du travail aux mains des entreprises », dans une forme de « taylorisme augmenté » qui donne son nom à l’ouvrage. Carbonell ajoute sa pierre à une critique politique de l’intelligence artificielle, en revendiquant un « renouveau luddite » et une reprise en main des moyens de production par les travailleur·ses mais, aussi, une réappropriation des moyens d’innovation.

Agathe Ranc